Focus sur le congé donné par le bailleur à son locataire commercial
Auteur : Maxime GRAVELLIER
Publié le :
19/03/2020
19
mars
mars
03
2020
Il s’agit ici d’évoquer quelques-unes des principales règles applicables à la délivrance d’un congé en matière de bail commercial.
Quel que soit son objet (offre ou refus de renouvellement), le congé doit nécessairement être délivré par acte extrajudiciaire (c’est-à-dire par acte d’huissier de justice), au moins six mois à l’avance et pour le terme contractuel, c’est-à-dire à l’issue de la période des 9 ans.
Si le congé est donné avant le terme du bail mais moins de six mois avant celui-ci, il prendra effet en tacite prolongation et pour le dernier jour du trimestre civil éloigné de plus de six mois de la date de délivrance du congé.
Exemple : congé donné le 15 janvier pour un bail venant à échéance le 30 avril. Dans ce cas, le congé prendra effet le 30 septembre.
La même règle s’applique en cas de délivrance d’un congé en période de tacite prolongation (c’est-à-dire la période qui s’ouvre à l’issue de l’échéance contractuelle en l’absence de congé ou de demande de renouvellement).
S’agissant de l’objet du congé, trois possibilités.
- Le bailleur offre le renouvellement du bail à son locataire aux mêmes clauses et conditions que le bail expiré, sauf éventuellement à solliciter une augmentation du montant du loyer. Rappelons à cet égard que le loyer du bail renouvelé est par principe plafonné au montant obtenu après application du calcul suivant : loyer d’origine x dernier indice publié à la date du renouvellement/ dernier indice publié au jour de l’entrée en vigueur du bail. Il existe toutefois des hypothèses dans lesquelles le loyer peut être déplafonné et ainsi fixé à la valeur locative.
- Le bailleur refuse le renouvellement. Dans cette hypothèse, le congé n’a pas à être motivé mais le bailleur doit, par principe, offrir le paiement d’une indemnité d’éviction destinée à compenser le préjudice subi par le locataire lequel ne pourra pas contester le principe du refus de renouvellement. L’éventuelle contestation portera uniquement sur le montant de l’indemnité d’éviction étant précisé que le locataire ne pourra être contraint de quitter les lieux tant qu’il n’aura pas perçu celle-ci.
Rappelons toutefois que l’article L 145-58 du code de commerce organise le droit de repentir qui permet au bailleur ayant refusé le renouvellement en offrant une indemnité d’éviction, de revenir sur sa décision en offrant le renouvellement. Ce repentir peut être exercé jusqu’à l’expiration d’un délai de 15 jours à compter de la date à laquelle la décision fixant l’indemnité d’éviction sera passée en force de chose jugée.
Son exercice suppose par ailleurs que le locataire soit encore dans les lieux et n’ait pas déjà loué ou acheté un immeuble destiné à sa réinstallation. - Le bailleur refuse le renouvellement sans offrir le paiement d’une indemnité d’éviction. Une telle hypothèse n’est envisageable que :
- si le bailleur est en mesure de justifier d’un motif grave et légitime à l’encontre du locataire. Il faudra au préalable que le bailleur ait adressé au locataire une mise en demeure d’avoir à faire cesser le manquement dans un délai d’un mois et ce par acte extrajudiciaire, sauf hypothèse d’infractions dites instantanées ou irréversibles pour lesquelles la mise en demeure n’a aucun intérêt et n’est donc pas exigée.
- s’il est établi que l’immeuble doit être totalement ou partiellement démoli compte tenu de son état d’insalubrité ou s’il est établi qu’il ne peut plus être occupé sans danger en raison de son état.
Rappelons pour terminer que la volonté du bailleur de voir le bail se poursuivre ou prendre fin pourra être exprimée en réaction à une demande de renouvellement dont le locataire aurait pris l’initiative.
Cette demande de renouvellement fait courir un délai de trois mois dont dispose le bailleur pour faire part de sa position. A défaut de manifestation dans ce délai, le bailleur est réputé accepter le principe du renouvellement sans que cela n’implique un accord sur le prix du loyer éventuellement proposé par le preneur dans sa demande de renouvellement.
Historique
-
Focus sur le congé donné par le bailleur à son locataire commercial
Publié le : 19/03/2020 19 mars mars 03 2020Droit immobilier / Bail commercialIl s’agit ici d’évoquer quelques-unes des principales règles applicables à la...
-
Contrat de rénovation et prescription de l’action en réparation des tiers contre le sous-traitant
Publié le : 19/03/2020 19 mars mars 03 2020Droit immobilier / Droit de la constructionLa Cour de cassation apporte des précisions sur la détermination de la prescr...Source : www.juridiconline.com
-
GARANTIE DECENNALE ET POSE D’UN INSERT : Cassation 3ième civile 7 mars 2019 n°18-11.741
Publié le : 19/03/2020 19 mars mars 03 2020Droit immobilier / ConstructionLorsqu’un immeuble existant connaît une impropriété à destination due au défa...
-
RECEPTION TACITE : Cassation 3ième civile 4 avril 2019 n°18-12.410 et Cassation 3ième civile 18 avril 2019 n°18-13.734
Publié le : 18/03/2020 18 mars mars 03 2020Droit immobilier / ConstructionLa jurisprudence a bâti depuis de nombreuses années une théorie de la récepti...
-
REGIME DE LA GARANTIE CONTRE LES VICES ET DEFAUTS DE CONFORMITE APPARENTS EN VEFA ET DIMINUTION DU PRIX DE VENTE
Publié le : 18/03/2020 18 mars mars 03 2020Droit immobilier / ConstructionCassation 3ième civile, 7 mars 2019, n°18-16.182 La loi du 25 mars 2009 a...
-
URBANISME : Permis de construire sur un terrain non viabilisé
Publié le : 18/03/2020 18 mars mars 03 2020Droit immobilier / ConstructionPar principe, le financement des équipements publics nécessaires au raccordem...
-
Société civile : pas de limite à la durée du mandat du liquidateur amiable
Publié le : 12/03/2020 12 mars mars 03 2020Droit des sociétés / Procédures collectivesAucune disposition légale limitant la durée du mandat du liquidateur d'une so...Source : www.juridiconline.com
-
Indemnisation du préjudice du syndicat en cas de travaux irréguliers réalisés par le syndic
Publié le : 11/03/2020 11 mars mars 03 2020Droit immobilier / CopropriétéLa cour d’appel peut décider que le préjudice résultant, pour le syndicat des...Source : www.efl.fr
-
Initiatives d'un maître d'oeuvre : pas de paiement par le propriétaire
Publié le : 04/03/2020 04 mars mars 03 2020Droit immobilier / Droit de la constructionUn maître d'œuvre a pour mission de diriger l'avancée d'un chantier. Il ne pe...Source : www.lavieimmo.com
-
La co-titularité des époux au contrat de bail à l’épreuve du divorce
Publié le : 02/03/2020 02 mars mars 03 2020Droit de la famille / Droit de la familleLorsque les époux sont locataires du logement de la famille, deux co-titulari...
-
Urgence impérieuse dans les marchés publics
Publié le : 27/02/2020 27 février févr. 02 2020Droit public / Droit de la commande publiqueLes procédures de passation de marchés publics prévoient des délais stricts p...Source : www.marchespublicspme.com
-
Entreprises en difficulté : le choix de la procédure de sauvegarde serait judicieux
Publié le : 27/02/2020 27 février févr. 02 2020Droit des sociétés / Procédures collectivesLes entreprises en difficulté qui ont fait le choix de la procédure de sauveg...Source : www.latribune.fr
-
Décret relatif aux modalités de construction d'une maison individuelle avec fourniture de plan et préfabrication
Publié le : 26/02/2020 26 février févr. 02 2020Droit immobilier / Droit de la constructionPublication au JO d'un décret relatif aux modalités de règlement du prix et à...Source : www.juridiconline.com
-
Construction : le chantier peut il être interdit aux acheteurs ?
Publié le : 19/02/2020 19 février févr. 02 2020Droit immobilier / Droit de la constructionPendant la construction de votre future maison individuelle, vous ne pouvez p...Source : actualite.seloger-construire.com
-
ARAFER : précisions sur le contrôle des procédures de passation de marché de travaux
Publié le : 19/02/2020 19 février févr. 02 2020Droit public / Droit de la commande publiqueLa Cour de cassation apporte deux éclairages dans cette décision. Le premier...Source : www.dalloz-actualite.fr